8 février 2024 / Ismaïl ar-Roubaysī

Le mustakhlaf doit-il reprendre à partir de la récitation de l'imam ?

Le cheikh ‘Umar al-Qazabri présidant la prière de la première nuit de ramadan

Brahim Tougar

1434 H. / 2013 G.

Question

          Lorsque l’imam fait l’istikhlāf, et laisse la place à une autre personne derrière lui - parce qu'il aurait par exemple perdu ses ablutions - dans une prière à voix basse, est-ce cette personne doit recommencer la fatiha ou pas ? ; 
Et si la prière est à voix haute et que l’imam s’arrête en plein milieu de la fatiha, est-ce qu’elle doit aussi recommencer la fatiha ou pas ?

Réponse

          Concernant cette question de façon précise, Sidi Khalīl dit dans son Mukhtasar :
وقرأ من انتهاء الأول وابتدأ بسرية إن لم يعلم الأول
« Et il récitera à partir de la fin du premier, et commencera du début pour la prière à voix basse s’il ne sait pas (ce qu’il a récité) en premier ».

C’est-à-dire que le mustakhlaf qui va remplacer l’imam doit continuer la récitation déjà débutée par l’imam mustakhlif qui a été remplacé et non pas recommencer depuis le début.
Il existe cependant une exception : si le mustakhlaf ne sait pas ce qu’avait récité l’imam notamment lorsqu’il a du réciter à voix basse comme pour le dohr ou le asr etc. Dans ce cas il recommencera afin de s’assurer d’avoir complété la récitation.

az-Zurqānī a critiqué la formulation de Khalīl à ce propos :
(بسرية إن لم يعلم) وكذا الجهرية إذا لم يعلم فلو قال وقرأ من انتهاء الأول أن علم ولا ابتدأ لكان أشمل وأخصر 
« Pour la prière à voix basse s’il ne sait pas : cela concerne aussi la voix haute s’il ne sait pas. Ainsi s’il (Khalīl) avait dit : « il récitera de la fin du premier s’il sait et ne recommencera pas », cela aurait été plus complet et concis ».

Donc même pour une prière à voix haute, si je ne sais pas à quel endroit l’imam s’est arrêté, je recommencerai du début de la récitation.
Cette critique fut reprise ensuite chez tous les commentateurs après lui, comme al-Kharachī, ad-Dardīr ou ‘Illīch.

Mais il s’avère qu’en réalité cette formulation n’est pas de Khalīl, mais d’Ibn al-Hājib dont Khalīl n’a fait que résumer son propos dans Jāmi‘ al-Ummahāt. Ibn al-Hājib dit en effet :
وَيَقْرَأُ الْمُسْتَخْلَفُ مِنْ حَيْثُ قَطَعَ، وَيَبْتَدِئُ فِي السِّرِّيِّةِ إِنْ لَمْ يَعْلَمْ
« Et le mustakhlaf récitera de là où il (le mustakhlif) s’est arrêté. Et il recommencera pour la (prière) à voix basse s’il ne sait pas ».

Son intérêt est surtout de comprendre à travers l’exemple de la voix basse comment il est possible de ne pas savoir ce que l’imam avait récité.

C’est pourquoi aṣ-Ṣa‘īdī (al-‘Adawī) dit dans sa glose sur le commentaire d’al-Kharachī :
خَصَّ السِّرِّيَّةَ بِالذِّكْرِ؛ لِأَنَّ الْجَهْرِيَّةَ شَأْنُهَا الْعِلْمُ بِحَقِيقَةِ الْحَالِ.
« (Khalīl) a spécifié l’évocation de la (prière) à voix basse, simplement par ce qu’il va de soit que la (prière) à voix haute implique la connaissance certaine de la réalité de la situation ».

Narrations

          Les commentateurs tardifs de Khalīl n’évoquent jamais l’origine de cette question. Cela donne l’impression que cette question n’a fait l’objet que d’un ijtihād tardif. Or ce n’est nullement le cas : cette question est bien déduite de plusieurs narrations d’après Mālik ou d’après ses élèves directs.

Cela nous donne une belle occasion d’illustrer que même ces questions si secondaires trouvent la plupart du temps leur fondement dans une affirmation des salaf de l’école, contrairement à ce que pourraient croire certains opposants aux écoles, qui supposent que tout ceci ne serait que le produit « des siècles tardifs de décadence ».

Sur cette question, Khalīl lui-même nous énumère ces narrations anciennes en commentant les propos d’Ibn al-Hājib dans at-Tawdīh :
« كذلك قال في العتبية والسلمانية ». 
« Ainsi cela est dit dans al-‘Utbiyyah et as-Sulaymāniyyah ».

Il veut dire que le jugement légal de ces questions est évoqué dans ces deux recueils.
1) La Mustakhraja de l’imam ’Abū ‘Abdi-llāh al-‘Utbī (m. 255 H.) connue sous le nom de al-‘Utbiyyah
          L’imam al-‘Utbī rapporte de l’égyptien ’Abū Zayd ibn ’Abi-l-Ghamr, d’après son cheikh Ibn al-Qāsim :
« من سماع أبي زيد بن أبي الغمر من ابن القاسم
مسألة وسئل عن الذي يقرأ صدرا من الحمد لله، ثم يصيبه حدث فيقدم رجلا، قال لي: يقرأ من حيث انتهى الإمام ».
« Du samā‘ de ’Abī Zayd ibn ’Abi-l-Ghamr, d’après Ibn al-Qasim :
Question : on l’interrogea à propos de celui qui récite de « al-hamdu li-llāh », puis est touché par un hadath [un évènement faisant perdre ses ablutions], pour lequel est avancé un homme. Il dit : Il récitera à partir de là où l’imam a cessé ».

Cette narration fut ensuite citée de façon résumée chez Ibn ’Abī Zayd dans an-Nawādir en ces termes :

.« ومن (الْعُتْبِيَّة) ، قال أبو زيد، عن ابن القاسم: وإن قدمه في بعض القراءة، فليقرا المقدم من موضع انتهى الأول »
« Et dans al-‘Utbiyyah, ’Abū Zayd dit d’après Ibn al-Qāsim : S’il l’avance après une partie de la récitation, que celui qui est avancé récite à partir de l’endroit où s’était arrêté le premier ».

’Abū Zayd est un des plus fidèles et prolifiques élèves d’Ibn al-Qāsim. Il était un homme pieux et intègre dans la transmission comme en atteste Ibn Waddāh, bien qu’il avait une plus grande propension pour le hadith au détriment du fiqh. Malgré cela, il exerça la fonction de mufti sur la base du fiqh d’Ibn al-Qāsim.

Étant égyptien comme son maître, il a passé une grande partie de sa vie à transmettre les avis d’Ibn al-Qāsim.
Il a rassemblé ensuite ce samā‘ [audition] dans un recueil qu’il écrivit lui-même, qui fut ensuite transmis par al-‘Utbī dans sa Mustakhraja.
C’est ainsi qu’Iyad dit :
.« وله سماع من ابن القاسم مؤلف »
« Il a un samā‘ d’après Ibn al-Qāsim qu’il écrivit ».
Cette narration est ainsi issue de ce recueil.

Il est évident de constater en comparant la narration aux précédentes formulations des fuqaha’ postérieurs que la règle générale énoncée chez Khalīl et Ibn al-Hājib dans le cas où l’on sait ce que l’imam a récité provient directement d’Ibn al-Qāsim dans le samā‘ de ’Abī Zayd.

Quant au cas de la prière à voix basse, il tient son origine de la narration suivante, issue de la Sulaymāniyyah.
2) La Sulaymāniyyah de l’imam Muhammad ibn Sulaymān ibn Sālim ibn al-Qattān (m. en 289 H.)
          Malheureusement la Sulaymāniyyah a été perdue. Il existe cependant plusieurs auteurs qui ont cité ses passages dans leurs livres. Parmi eux, le sicilien Ibn Yūnus (m. en 451 H.) qui l’a souvent cité, étant donné que Sulaymān ibn Sālim est celui qui a diffusé le madhhab malikite en Sicile après y avoir été nommé juge en 281 H. Il y sera resté jusqu’à sa mort en 289 H.

Ibn Yūnus dit ainsi :
« وفي السليمانية : إن الإمام إذا استخلف رجلاً في صلاة السر، وهو قائم، فإن أم المستخلف يبتدئ قراءة أم القرآن ».
« Dans la Sulaymāniyyah :
« Si l’imam demande à être remplacé dans la prière à voix basse, alors qu’il est debout, alors si le remplaçant se met à présider, il recommencera la récitation de ’Umm al-Qur’ān (la Fātiha) ».

De cette narration, l’on comprend que cette exception évoquée par Khalīl et Ibn al-Hājib obligeant le mustakhlaf à recommencer s’il ne sait pas, est en réalité directement issue de cette formulation de Sulaymān ibn Sālim.

Ainsi si Khalīl et Ibn al-Hājib sont aussi fidèles à l’évocation du cas de prière à voix basse, c’est surtout par fidélité à cette narration qui prend ce même cas en exemple.

Ibn Yūnus ajoute un commentaire à cette narration :
« ولم يفرق بين أن يكون مكث في قيامه قدر قراءة أم القرآن أم لا، وذلك سواء لإمكان أن يكون نسيها أو أبطأ في قراءتها، ولم يتمها، فلا بد للمستخلف من قرائتها والله أعلم ».
« Et (Sulaymān) ne fit aucun distinction entre le fait qu’il serait resté debout le temps de la récitation de ’Umm al-Qur'ān ou non. 
Ceci en raison de la possibilité qu’il ait pu l’oublier ou retardé sa lecture, sans pouvoir la compléter. Ainsi il est nécessaire que le remplaçant récite (entièrement la fatiha). Et Allah est plus Savant » ».

En effet, aucun élément ne permettant de savoir ce que l’imam avait récité, le mustakhlaf n’a pas d’autre choix que de recommencer sa récitation afin d’être sur d’avoir complété a prière.

Ce commentaire fut repris par de nombreux savants malikites pour expliquer la raison de ce jugement : al-Māzarī, al-Huwārī al-Mālaqī, Ibn Chās, al-Mawwāq et ar-Ragrāgī.

Le caractère recommandé [nadb] du fait de reprendre là où s’est arrêté l’imam mustakhlif

          Une autre question sous-jacente fut traitée par les fuqahā’ à ce propos : lorsque l’on affirme que le mustakhlaf reprendra là où l’imam s’est arrêté s’il le sait, est-ce obligatoire ou seulement de façon recommandée, de sorte qu’il soit possible aussi de tout recommencer depuis le début ?

À ce sujet, les propos de az-Zurqānī commentant le Mukhtasar de Khalīl font office de référence chez les savants tardifs :
« وقرأ » ندبًا كما للشيخ سالم بحثًا 
وقول حلولو عليه أن يقرأ « من انتهاء الأول » يقتضي الوجوب ».
« Il récitera de façon recommandée [nadban] comme cela est dit par Cheikh Sālim par recherche [bahthan].
Quant à la parole de Hullūlū est qu’il doit réciter de là où s’est arrêté le premier, ce qui implique une obligation ».

az-Zurqanī a ainsi été le premier à rassembler les avis sur cette question.

1) L’avis de l’azharite égyptien Sālim as-Sanhūrī (m. 1015 H.)
          Le premier est de celui que az-Zurqānī appelle Cheikh Sālim.
Il fait référence à son maître le mufti égyptien Nāsir ad-Dīn Sālim ibn Muhammad as-Sanhūrī (945 H./1538 G. - 1015 H./1606 G.), qui écrivit un commentaire du Mukhtasar de Khalīl intitulé « Taysīru-l-maliki-l-jalīl ».

az-Zurqānī évoque par ailleurs le fait que Sālim as-Sanhūrī a affirmé cette opinion « bahthan ». Cette expression a un sens scientifique très particulier. Cela signifie que le cheikh Sālim n’a pas affirmé cela sur la base d’une narration du madhhab, mais sur la base d’une réflexion par laquelle il est arrivé à une opinion claire.

On oppose cela à l’expression « naqlan » qui signifie que le savant a affirmé cela sur la base d’une narration dans le madhhab, comme une parole de Mālik ou ses élèves.

Cette expression a commencé à apparaitre au VIIIe siècle hégirien, en particulier chez les auteurs égyptiens et syriens, et illustre ô combien cette prétention moderne consistant à accuser les savants tardifs de sclérose et de manque de réflexion ou d’ijtihād est une infâme injustice à leur égard.
Bien au contraire, lorsqu’ils ne disposaient de texte, ils n’hésitaient pas à rechercher une réponse sur la base de ce qui pouvait être déduit ou compris des preuves ou narrations.

az-Zurqānī explique :
« ومقتضى الندب أن له قراءة الفاتحة حيث قرأها الأول وإن خالف الندب مع أن تكرير الركن القولي لا يجوز وإن لم تبطل به الصلاة 
ودعوى اغتفاره هنا لأن معيده شخص آخر تحتاج لنقل »
« Et ce qui est impliqué par le caractère recommandé est qu’il peut réciter la Fātiha alors que le premier l’avait récité, même s’il fait le contraire de ce qui est recommandé, quand bien même le fait de répéter un pilier verbal (de la prière) est normalement interdit, cela n’annule pas la prière.
Et la prétention selon laquelle cela est excusé ici est en raison du fait que celui qui la recommence est une autre personne dans le besoin de se déplacer ».

Ce passage est décisif dans la compréhension de cette recommandation :
Recommencer la fātiha n’annule pas la prière, ainsi ce n’est pas grave si le mustakhlaf recommence depuus le début.
Même si cela est interdit à la base, ce n’est pas la même personne qui recommence, ainsi le remplacement atténue cette interdiction.

2) L’avis du oussouli kairouanais Hulūlū (m. 896 H.)
          Le deuxième avis qu’az-Zurqānī évoque est celui du savant spécialiste des usul : Hulūlū, dont le nom véritable est ’Abu-l-‘Abbās ’Ahmad al-Yizlītanī, qui faisait partie des grand fuqahā’ de Kairouan en Ifriqiya du IXe siècle, originaire de Zliten près de Tripoli. On rapporte qu’il avait 80 ans et était toujours vivant en 875 H.
Il est quant à lui l’auteur de deux commentaires de Khalīl que le savant du Bilād as-Sūdān, ’Ahmad Bābā at-Tumbuktī (963 H./1556 G. - 1036 H./1627 G.) décrit en ces termes :
له شرحان على المختصر كبير في ستة أسفار وقفت على أجزاء منه حسن مفيد فيه أبحاث وتحرير، يعتني بنقل التوضيح وابن عبد السلام وابن عرفة ويبحث معهم وينقل الفقه المتين. وشرح آخر مختصر في سفرين
« Il a deux commentaires sur le Mukhtasar. L’un est grand en six volumes. J’en ai consulté certains qui sont bons et utiles dans lesquels il y a des recherches et de la critique, en se référant aux citations du Tawdih, de Ibn ‘Abd as-Salām et Ibn ‘Arafah avec lesquels il étudie et rapporte un fiqh solide.
Et un autre commentaire plus résumé en deux volumes ».

C’est dans son grand commentaire, intitulé al-Bayān wa-t-takmīl, que se trouve ce deuxième avis dans lequel il affirme l’obligatoire de reprendre là où l’imam s’est arrêté.

Malheureusement ce commentaire; bien qu’ayant fait l’objet d’une thèse en 2019, n’a jamais été publié. On ne sait donc sur quoi s’est fondé Hulūlū.

Mais il est aisé de comprendre que l’obligation est impliquée par le fait qu’il n’est pas permis dans la prière de volontairement répéter un pilier de celle-ci comme la Fātiha. On déduit alors aisément que si l’on répète volontaire la Fātiha, l’on sera tombé dans cet écueil.

3) Confirmation du premier avis par une narration cordouane ancienne
          Il arrive parfois qu’un savant affirme une opinion bahthan sans se fonder sur une quelconque narration, mais que l’on trouve ultérieurement une narration confirmant son affirmation.

Or il s’avère après recherche qu’il existe bien une narration de Malik confirmant la recherche de Sālim as-Sanhūrī. 

Celle-ci est rapportée par le cordouan Ibn Ruchd (m. en 520 H.) dans al-Bayān wa-t-tahsīl. Commentant la narration de ’Abī Zayd d’après Ibn al-Qāsim précédemment évoquée, celui-ci évoque alors une narration d’origine purement andalouse qui a pu échapper à beaucoup de Malikites d’autres contrées. Il dit :
« وقد روى محمد بن يحيى السبائي عن مالك، أنه قال: ذلك واسع أن يقرأ من حيث انتهى الإمام، أو يبدأ السورة، وأحب إلي أن يبدأ بها، والأول أظهر: أن الاختيار أن يقرأ من حيث انتهى الإمام؛ لأنه خليفته على الصلاة يحل محله فيها، فكما يبني على ما مضى من ركوعه وسجوده، فكذلك يبني على ما مضى من قراءته - وبالله التوفيق ». 
« Muhammad ibn Yahyā as-Sabā’ī a certes rapporté d’après Mālik qu’il dit :
« Ceci fait l’objet de latitude, qu’il récite là où s’était arrêté l’imam, ou qu’il recommence mais Il m’est préférable qu’il recommence ».

Muhammad ibn Yahyā as-Sabā’ī est un des premiers cordouans élèves de l’imam Mālik. 
Il a entendu al-Muwatta’ d’après Mālik ainsi que certaines questions de fiqh qu’il a pris de lui avant de revenir à Cordoue pour y devenir mufti. Il est mort après 206 H. durant l’émirat omeyyade de ‘Abd ar-Rahmān ibn al-Hakam surnommé al-Awsat (Abd al-Rahman II) (176 H./792 G. - 238 H./852 G).

Cette narration fait partie de ce qu’il a pris de Mālik, que les cordouans se sont transmis jusqu’à ce qu’en hérite Ibn Ruchd (m. 520 H.). C’est la raison pour laquelle on ne trouve cette narration nulle part ailleurs, et les Malikites d’autres contrées ont pu dès lors l’omettre.

L’intérêt de cette narration est qu’elle confirme une version dans laquelle Mālik ne voit pas d’inconvénient à choisir entre reprendre ou recommencer la récitation, même si l’on sait exactement où l’imam s’était arrêté.

Par contre ce qui diverge dans cette narration, est que Mālik préfère recommencer plutôt que reprendre puisqu’il affirme « il m’est préférable de la recommencer ».

Cette préférence n’est cependant pas considérée pour plusieurs raisons :
Elle est en contradiction avec la majorité de ce que rapportent les élèves de Mālik dont le fondement est la narration de ’Abī Zayd d’après Ibn al-Qāsim dans al-‘Utbiyyah qui est bien plus notoire et réputée, consacrée ensuite chez Ibn ’Abī Zayd dans an-Nawādir.
Cette narration est renforcée ensuite par la confirmation de plusieurs autres élèves de Mālik que Ibn Ruchd énumère en disant :
قال محمد بن رشد: هذا قول ابن نافع، وابن دينار، وغيرهما من أصحاب مالك. 
« Ceci est l’opinion d’Ibn Nāfi‘ (m. en 206 H.) Ibn Dīnār (et d’autres parmi les compagnons de Mālik »
De plus Ibn Ruchd y apporte à cette narration une critique réflexive après l’avoir rapportée. Il dit : 
« والأول أظهر: أن الاختيار أن يقرأ من حيث انتهى الإمام؛ لأنه خليفته على الصلاة يحل محله فيها، فكما يبني على ما مضى من ركوعه وسجوده، فكذلك يبني على ما مضى من قراءته - وبالله التوفيق ». 
« Le premier reste plus pertinent, c’est-à-dire qu’il choisisse de réciter de là où s’est arrêté l’imam, car il est son remplaçant dans la prière et prend place à son endroit, de la même manière qu’il se fonde sur ce qui précéda de ruku‘ [inclinaison] et de sujūd [prosternation]. De même, il se fondera sur ce qui précède de récitation - Et la réussite est par Allah - ».

Ainsi ce qui fut affirmé en recherche [bahthan] indiquant sur le caractère recommandé de reprendre par Sālim as-Sanhūrī était en réalité déjà confirmé chez Ibn Ruchd à partir de la narration de l’élève cordouan de Mālik, Muhammad ibn Yahyā as-Sabā’ī.

Résumé

          Si le mustakhlaf remplace l’imam au milieu de la récitation de la Fātiha par exemple, il lui est recommandé de reprendre à partir du dernier verset que l’imam mustakhlif avait prononcé.

S’il recommence depuis le début malgré tout, cela est permis, car la répétition n’annule pas la prière et est excusée par le fait que l’imam a été remplacé.

Cette première question est issue de la ‘Utbiyyah du samā‘ de ’Abī Zayd d’après Ibn al-Qāsim

          Si par contre le mustakhlaf ne sait pas ce que l’imam avait récité, il lui est obligatoire de recommencer depuis le début, car dans ce cas je ne serai pas sur d’avoir complété la Fātiha si je ne fais qu’essayer de reprendre en supposant ce qu’il avait récité.

Cette deuxième question est issue de la Sulaymāniyyah.

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