22 juillet 2018 / Ismaïl ar-Roubaysī
Règles spécifiques à la prière en groupe selon l’école malikite
27 juillet 2012
Musulmans priant les tarāwīh sur l'esplanade de la mosquée Hassan II
I) Préférabilité pour l’imam d’attendre que les rangs soient ajustés avant de prier
Ibn Ḥabīb que Mālik dit : cela lui est nécessaire « ُهُوَ لَازِمٌ لَه ». Khalīl commente : il veut dire dans le sens de préférabilité.
Preuves :
۩ Le hadith de ’Abū Dāwūd selon lequel le Prophète ﷺ ajustait les rangs avant de commencer à prier.
۩ Le ’athar de al-Muwaṭṭa’ selon lequel ‘Umar et ‘Uthmān avaient deux hommes qui ajustaient les rangs et ils ne commençaient la prière tant que ces deux ne leurs informent que les rangs sont bien ajustés.
۩ Rationnellement, l’argument est que si l’imam commence la prière avant que les gens ne soient prêts, ils manqueront une partie de celle-ci ce qui se traduit par une perte de récompense, en particulier celle de la fatiha.
II) Si l’imam n’est accompagné que d’un ma’mūm
Si le ma’mūm est un homme :
Il n’y a aucun divergence dans le madhhab quant au fait que si une seule personne homme accompagne l’imam, celle-ci doit se placer à sa droite.
Le seul autre avis dans cette question est celui du grand Tābi‘ī Sa’īd ibn al-Musayyib affirmant que le ma’mūm doit se placer à gauche de l’imam.
Ibn Ruchd dit dans al-Bayān :
al-‘Utbī dans la Mustakhrajah rapporte :
Il n’y a aucun divergence dans le madhhab quant au fait que si une seule personne homme accompagne l’imam, celle-ci doit se placer à sa droite.
Preuve : le hadīth d’Ibn ‘Abbās et autres.
Le seul autre avis dans cette question est celui du grand Tābi‘ī Sa’īd ibn al-Musayyib affirmant que le ma’mūm doit se placer à gauche de l’imam.
Ibn Ruchd dit dans al-Bayān :
« وأراه تأول أن النبي، - عَلَيْهِ السَّلَامُ -، ائتم بأبي بكر إذ خرج في مرضه الذي توفي فيه وهو يصلي بالناس، […]. جاء في الحديث الصحيح : « أن النبي - صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ - جلس عن يسار أبي بكر » ، وقع ذلك في البخاري وغيره، فجعله لما كان في مرضه الذي توفي فيه ناسخا لحديث ابن عباس وغيره. »
« Je vois qu’il a interprété le fait que le Prophète - عَلَيْهِ السَّلَامُ - fut dirigé par ’Abū Bakr alors qu’il était dans sa maladie par laquelle il mourut, et ce alors qu’il dirigeait la prière des gens […]. Il est rapporté dans le hadīth authentique : « que le Prophète - صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ - s’assit à gauche de ’Abū Bakr ». Ceci se trouve chez al-Bukhārī et autres, ainsi il fit de ce hadith, en raison du fait qu’il était dans sa maladie par laquelle il mourut, un abrogeant du hadith d’Ibn ‘Abbās et autres ».
Si le ma’moūm est sa femme :
Si le ma’moūm est sa femme :
al-‘Utbī dans la Mustakhrajah rapporte :
« وسئل عن الرجل يصلي في منزله المكتوبة، أيصليها بزوجته وحدها؟ قال: نعم وتكون وراءه »
« Et il (Mālik) fut questionné à propos de l’homme qui prie dans sa demeure la (prière) obligatoire. La prie-t-il avec son épouse seule ? Il dit : Oui et elle se placera derrière lui ».
قال محمد بن رشد : قوله للرجل أن يصلي بزوجته وحدها وأنها تكون وراءه صحيح مما أجمع عليه العلماء ولم يختلفوا فيه؛ لأن من سنة النساء في الصلاة أن يكن خلف الرجال وخلف الإمام لا في صف واحد معه ولا معهم، واحدة كانت أو اثنتين أو جماعة
Ibn Ruchd commente cela en disant : « Et sa parole sur le fait qu’appartient à l’homme de prier avec sa femme seul et qu’elle se placera derrière lui est valide, faisant partie de ce sur quoi les savants sont unanimes et n’ont divergé ; Car fait partie de la sunna des femmes dans la prière qu’elles soient derrière les hommes et derrière l’imam et non dans un même rang avec lui ni avec eux, qu’elle soit seule, ou soient deux ou un groupe (de femmes) ».
III) Autorisation de parler brièvement après l'iqāmah avant que l'imam n'entre en prière
Ibn al-Jallāb dit dans son Tafrī‘ :
« ولا بأس بالكلام والحديث اليسير بعد الإقامة، وقبل الإحرام »
« Et nul problème à parler brièvement après l'iqāmah et avant l'ihrām »
Preuve :
حَدَّثَنَا أَنَسٌ ، قَالَ : أُقِيمَتِ الصَّلَاةُ فَأَقْبَلَ عَلَيْنَا رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ بِوَجْهِهِ فَقَالَ : أَقِيمُوا صُفُوفَكُمْ، وَتَرَاصُّوا ؛ فَإِنِّي أَرَاكُمْ مِنْ وَرَاءِ ظَهْرِي
Le hadith d'Anas ibn Mālik chez al-Bukhārī : Il dit : La prière fut érigée puis le Messager d'Allah صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ vint à nous en face et dit : « Établissez vos rangs et serrez-vous, car je vous vois derrière mon dos ».
Ce hadith est une preuve, car le Prophète ﷺ a parlé pour corriger les rangs après l'iqāmah.
Ibn al-Baṭṭāl dit à son propos dans son commentaire de al-Bukhārī :
« وفيه : جواز الكلام بين الإقامة والإحرام، ولا بأس عند فقهاء الحجاز، وهو رد على الكوفيين »
« Et il y a dans cela l'autorisation de parler entre l'iqāmah et l'ihrām, et nul problème chez les fuqahā' du Hedjaz (malikites), et il s'agit d'une réponse aux Kūfiyyīn [gens de Koufa en Irak ; hanafites] ».
Il fait allusion ici à la divergence qui existe à ce sujet avec les Hanafites, car ces derniers interdisent ou détestent de parler après que l'iqāmah ait été prononcée. Ce hadith est ainsi une preuve contre leur avis selon nous. Cela ne veut évidemment pas dire qu'Abū Ḥanīfah aurait tort, car ce dernier interprète ce hadith différemment des Médinois.
Il fait allusion ici à la divergence qui existe à ce sujet avec les Hanafites, car ces derniers interdisent ou détestent de parler après que l'iqāmah ait été prononcée. Ce hadith est ainsi une preuve contre leur avis selon nous. Cela ne veut évidemment pas dire qu'Abū Ḥanīfah aurait tort, car ce dernier interprète ce hadith différemment des Médinois.
IV) Autorisation de prier en groupe derrière les rangs seul
« وَقَالَ مَالِكٌ : مَنْ صَلَّى خَلْفَ الصُّفُوفِ وَحْدَهُ فَإِنَّ صَلَاتَهُ تَامَّةٌ مُجْزِئَةٌ عَنْهُ »
Mālik dit dans la Mudawwanah : « Quiconque prie derrière les rangs seul, sa prière est complète, suffisante ».
IV) Détestabilité de tirer une personne du rang pour ne pas prier seul
قال : وَلَا يَجْبِذُ إلَيْهِ أَحَدًا، قَالَ مَالِكٌ: وَمَنْ جَبَذَ أَحَدًا إلَى خَلْفِهِ لِيُقِيمَهُ مَعَهُ لِأَنَّ الَّذِي جَبَذَهُ وَحْدَهُ فَلَا يَتْبَعُهُ، وَهَذَا خَطَأٌ مِمَّنْ فَعَلَهُ وَمِنْ الَّذِي جَبَذَهُ
Malik dit dans la Mudawwanah : « Qu’il ne tire vers lui personne ; Il dit : et quiconque tire vers l’arrière afin qu’il l’accomplisse (la prière) avec lui car seul, alors qu’il ne le suive pas, et ceci est une erreur de celui qui le fait , et de celui qui le tire ».
Ibn al-Qāsim dit à son propos : « وَكَرِهَ ذَلِكَ » ; « Il détestait cela ».
V) Autorisation de se placer à n‘importe quel endroit du rang tant qu’il n'est pas divisé
وَقَالَ مَالِكٌ : وَمَنْ دَخَلَ الْمَسْجِدَ وَقَدْ قَامَتْ الصُّفُوفُ قَامَ حَيْثُ شَاءَ إنْ شَاءَ خَلْفَ الْإِمَامِ وَإِنْ شَاءَ عَنْ يَمِينِ الْإِمَامِ وَإِنْ شَاءَ عَنْ يَسَارِ الْإِمَامِ
Dans la Mudawwanah, Mālik dit : « Et quiconque entre dans la mosquée alors que les rangs sont faits, il se placera où il veut s’il le veut derrière l’imam, et s’il veut à la droite de l’imam et s’il veut à la gauche de l’imam ».
Ibn al-Qasim rapporte même que Mālik était étonné de ceux qui prétendent qu’il est préférable de remplir la droite proche de l’imam, puis le reste de la droite en délaissant la gauche.
Un deuxième avis, celui de al-Lakhmī, indique qu’il est préférable de commencer le rang derrière l’imam, puis compléter sa droite, puis compléter sa gauche, et qu’on ne doit passer au rang suivant tant que le premier n’est pas complété sur les côtés. Cet avis est déduit de la parole de Mālik dans al-Wādihah de Ibn Habīb.
Preuve : le hadith de Muslim d’après Jābir ibn Samurrah :
عَنْ جَابِرِ بْنِ سَمُرَةَ ، قَالَ : خَرَجَ عَلَيْنَا رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ فَقَالَ : « مَا لِي أَرَاكُمْ رَافِعِي أَيْدِيكُمْ، كَأَنَّهَا أَذْنَابُ خَيْلٍ شُمْسٍ ، اسْكُنُوا فِي الصَّلَاةِ ». قَالَ : ثُمَّ خَرَجَ عَلَيْنَا فَرَآنَا حَِلَقًا، فَقَالَ : " مَا لِي أَرَاكُمْ عِزِينَ ؟ " قَالَ : ثُمَّ خَرَجَ عَلَيْنَا، فَقَالَ : « أَلَا تَصُفُّونَ كَمَا تَصُفُّ الْمَلَائِكَةُ عِنْدَ رَبِّهَا ؟ » فَقُلْنَا : يَا رَسُولَ اللَّهِ، وَكَيْفَ تَصُفُّ الْمَلَائِكَةُ عِنْدَ رَبِّهَا ؟ قَالَ : يُتِمُّونَ الصُّفُوفَ الْأُوَلَ، وَيَتَرَاصُّونَ فِي الصَّفِّ
« Le Messager d’Allah sortit et dit : Qu’ai-je à vous voir lever vos mains comme si elles étaient des queues de chevaux indociles, apaisez-vous dans la prière. Il dit : puis il sortit et nous vit en cercle (en groupe) puis il dit : Qu’ai-je à vous voir divisés ? Il dit : puis il sortit et dit : « Ne vous mettez donc pas en rang comme les Anges auprès de leur Seigneur ? » Nous dîmes : Ô Messager d’Allah, comment se mettent les Anges en rang auprès de leur Seigneur ? Il dit : « Ils complètent les premiers rangs, et se serrent dans ceux-ci ».
Ibn Ruchd rassemble les deux avis dans al-bayān wa-t-tahsīl et commente ce qui est rapporté dans la Mudawwanah :
« معناه لا بأس بالفعل إذا وقع لا أن ذلك يجوز ابتداء من غير كراهة، والله أعلم »
« Et son sens est qu’il n’y a pas de problème à faire cela si cela arrive, et non que cela est autorisé d’emblée sans détestabilité, et Allah est plus Savant ».
Ainsi, il est préférable de remplir le rang de façon complète, d’abord derrière l’imam puis la droite, puis la gauche.
Mais si arrive une situation dans laquelle des prieurs se placent à gauche, ou à droite et où ceux à droite ou à gauche ne se collent pas aux autres, alors cela sera autorisé en tant que khilāf al-’awlā (cela n’est pas ce qui est à faire prioritairement).
VI) Détestabilité de laisser un espace dans le rang
Ibn Yunus dit :
وكره مالك تقطع الصفوف، ونهى عنه، والشأن في الصلاة سد الفرج وتسوية الصفوف. فإذا رأى المأموم فرجة أمامه أو عن يمينه أو عن يساره حيث يجد السبيل إلى سدها فليتقدم إليها ليسدها
« Et Mālik détestait que les rangs soient coupés et il l’interdisait, et la règle dans la prière doit être de fermer les ouvertures et l’ajustement des rangs. Ainsi si le prieur voit une ouverture devant lui ou à sa droite ou à sa gauche, dès lorsqu’il trouve une voie pour la fermer, qu’il s’avance pour la fermer ».
Preuve :
حَدَّثَنَا أَنَسٌ قَالَ : أُقِيمَتِ الصَّلَاةُ فَأَقْبَلَ عَلَيْنَا رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ بِوَجْهِهِ فَقَالَ : أَقِيمُوا صُفُوفَكُمْ، وَتَرَاصُّوا ؛ فَإِنِّي أَرَاكُمْ مِنْ وَرَاءِ ظَهْرِي
Le hadith d'Anas ibn Mālik chez al-Bukhārī : Il dit : La prière fut érigée puis le Messager d'Allah ﷺ vint à nous en face et dit : «Établissez vos rangs et serrez-vous, car je vous vois derrière mon dos ».
VII) Comment combler les espaces dans le rang ?
Ibn al-Jallāb dit dans son Tafrī‘ : « Et nul problème à ce qu'il avance avant l'inclinaison et après lui, et à ce qu'il avance en étant incliné, et il ne s'avancera pas en étant prosterné ni assis ».
« قال في الجلاب : ولا بأس أن يدبَّ قبل الركوع وبعده، وأن يَدُبَّ راكعاً، ولا يَدِبُّ ساجداً ولا جالساً »
al-Lakhmī commenta cela dit : « Et il s'agit de ce qui apparait du Livre (al-Mudawwanah) ».
.« قال اللخمي : « وهو ظاهرُ الكتاب
Un autre avis est rapporté dans le samā' (les paroles qu'il a entendu de Mālik) de ’Achhab où Mālik dit : « Je ne vois pour personne qu'il s'avance incliné ; car on ne s'avance incliné sans que ne s'éloignent ses mains de ses genoux ».
.« وقال في سماع أشهب : «لا أرى لأحدٍ أن يَدِبَّ راكعاً؛ لأنه لا يدب راكعاً إلا تجافت يداه عن ركبتيه
al-Lakhmī préfère cet avis, il dit : « Et cela est meilleur ».
.« قال اللخمي : « وهو أحسن
La limite du déplacement
Quelle est la limite du déplacement ? al-Lakhmī rapporte deux avis dans le madhhab :
۩ Le premier est que le prieur ne peut s'avancer de plus de deux rangs
۩ Le deuxième est qu'il ne peut avancer plus de trois rangs
Cependant Khalīl dans at-Tawḍīh rapporte ce qui remet en question cette divergence :
« Mais Ibn Bashīr explique que al-Lakhmī a pensé qu'il s'agissait d'une divergence, alors qu'il n'en est rien, mais ce qui en est voulu est l'autorisation d'avancer si cela est proche, car deux est proche de trois (rangs). La limitation n'a pas de fondement.
Il fut dit aussi (pour expliquer cette divergence d'apparence) : il semble qu'il compte parmi les trois le rang où il se trouve et celui vers lequel il va avancer.
Khalīl dit : Ceci est pour moi contraire à ce que dit Ibn Habīb et autres ; car le prieur a le droit de se faufiler dans les rangs pour en combler les espaces ».
قال خليل في التوضيح : ابن بشير : وظنه اللخمي خلافا، وليس كذلك، بل المقصودُ جوازُ الدَّبِّ إذا كان قريبا، والاثنان مِن الثلاثة قريبٌ، ولا أصلَ للتحديد
قيل : والظاهر أنه يحسب في الثلاثة الصفَّ الذي هو فيه والذي يَدِبُّ إليه.
خليل : وهو عندي مخالف لما قاله ابنُ حبيب وغيرُه؛ لأن للمصلي أن يخرق الصفوف لسد الفُرَجِ
L'explication de Ibn Bachīr est confortée par ce que rapporte Ibn al-Jallāb (m. en 378 H.) dans at-Tafrī' : « Et quiconque débute la prière puis vois un espace dans le rang, si celui-ci est proche il marchera vers lui, et si elle est éloignée, il priera à son endroit ».
.« ومن افتتح الصلاة ثم رأى فُرجة في الصف فإن كانت قريبة مشى إليها، وإن كانت بعيدة صلى مكانه »
La limite de deux ou trois rangs ne fut donc déterminée que pour donner un ordre d'idée.
Raison : Effectuer un déplacement trop important est considéré comme un acte contraire à l'état de prière, ce qui l'annule.
La multiplicité des espaces
On divergea s'il (le prieur) voit de nombreux espaces dans les rangs :
۩ Ibn al-Qāsim rapporte d'après Mālik dans al-Majmū‘ah : Il s'avancera vers le dernier (espace).
۩ Ibn Habīb dit : Il s'avancera vers le premier.
L'espace situé à sa droite ou sa gauche
On divergea aussi si un vide se trouve à sa droite ou à sa gauche :
۩ Ibn al-Qāsim dit ainsi : Il s'avancera vers lui et le comblera.
۩ Quant à Ibn Ḥabīb, il dit : S'il est à sa droite ou à sa gauche, il le délaissera, et s'il n'a pas (encore) fait le ’ihrām (n'est pas encore entré en prière) il s'y faufilera absolument (vers l'avant uniquement).
VIII) Coller ses épaules et ses chevilles à celles de ses frères de rang ?
Il ne semble pas exister de parole précise de Mālik ni de ses élèves concernant cette pratique. La raison est sans doute qu'il n'existe pas de hadith prophétique incitant à coller ses pieds, contrairement à ce que l'on suppose très souvent.
En effet, les seuls hadiths qui nous sont parvenus du Messager d'Allah n'indiquent qu'une recommandation de rapprocher ses épaules et non les pieds, comme cela est indiqué dans le hadith de ’Abī Dāwud d'après Ibn ‘Umar :
En effet, les seuls hadiths qui nous sont parvenus du Messager d'Allah n'indiquent qu'une recommandation de rapprocher ses épaules et non les pieds, comme cela est indiqué dans le hadith de ’Abī Dāwud d'après Ibn ‘Umar :
أَنَّ رَسُولَ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ قَالَ : أَقِيمُوا الصُّفُوفَ، وَحَاذُوا بَيْنَ الْمَنَاكِبِ، وَسُدُّوا الْخَلَلَ، وَلِينُوا بِأَيْدِي إِخْوَانِكُمْ - لَمْ يَقُلْ عِيسَى : بِأَيْدِي إِخْوَانِكُمْ- وَلَا تَذَرُوا فُرُجَاتٍ لِلشَّيْطَانِ، وَمَنْ وَصَلَ صَفًّا وَصَلَهُ اللَّهُ، وَمَنْ قَطَعَ صَفًّا قَطَعَهُ اللَّهُ
« Le Messager d'Allah صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ dit : « Érigez les rangs, rapprochez les épaules, comblez le vide, soyez doux envers vos frères, ne laissez pas d'espaces pour le chayṭān, quiconque relie un rang, Allah le reliera, et quiconque coupe un rang, Allah le coupera ».
Évidemment, cette pratique est établie, mais par l'intermédiaire de paroles de Compagnons, en particulier dans ce que rapporte al-Bukhārī dans son Ṣaḥīḥ qui nous dit :
« Le livre du 'Adhān ; chapitre du collement des épaules ; chapitre du collement des épaules et des pieds dans le rang, an-Nu‘mān ibn Bachīr dit : « J'ai vu l'homme parmi nous coller sa cheville à celle de son compagnon ».
كِتَابُ الْأَذَانِ بَابُ إِلْزَاقِ الْمَنْكِبِ بِالْمَنْكِبِ.بَابُ إِلْزَاقِ الْمَنْكِبِ بِالْمَنْكِبِ وَالْقَدَمِ بِالْقَدَمِ فِي الصَّفِّ، وَقَالَ النُّعْمَانُ بْنُ بَشِيرٍ : رَأَيْتُ الرَّجُلَ مِنَّا يُلْزِقُ كَعْبَهُ بِكَعْبِ صَاحِبِهِ
Il cite alors un autre récit rapporté par 'Anas :
D'après 'Anas d'après le Prophète, il dit : « La prière fut érigée puis le Messager d'Allah صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ vint à nous en face et dit : « Établissez vos rangs et serrez-vous, car je vous vois derrière mon dos ». Et l'un de nous collait alors son épaule à celle de son compagnon, et son pied à son pied ».
حَدَّثَنَا عَمْرُو بْنُ خَالِدٍ ، قَالَ : حَدَّثَنَا زُهَيْرٌ ، عَنْ حُمَيْدٍ ، عَنْ أَنَسٍ عَنِ النَّبِيِّ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ قَالَ : أَقِيمُوا صُفُوفَكُمْ ؛ فَإِنِّي أَرَاكُمْ مِنْ وَرَاءِ ظَهْرِي. وَكَانَ أَحَدُنَا يُلْزِقُ مَنْكِبَهُ بِمَنْكِبِ صَاحِبِهِ، وَقَدَمَهُ بِقَدَمِهِ
Ce sont ces deux Compagnons qui utilisent le terme « ’ilzāq » qui signifie littéralement « coller ». Remarquez cependant que seul ’Anas évoque le terme « qadam » [pied], tandis que an-Nu‘mān parle quant à lui d'accolement des « ka‘b », soit des chevilles.
L'absence de narrations dans le madhhab malikite ne signifie pas cependant une ignorance de ces récits de Compagnons. Au contraire, l'on remarque un certain nombre d'auteurs malikites ayant évoqué ces narrations et les ont utilisé, en particulier dans le cadre de la définition du « ka‘b » [cheville].
Le cadi andalous Ibn Ruchd [m. en 520 H.] commente ainsi une des narrations de Mālik concernant la définition de la cheville chez les Médinois en ces termes :
« (al-'Utbī dit :) Question : il fut interrogé à propos du ka'b jusqu'où l'ablution est obligatoire, il (Mālik) dit : il s'agit de la cheville collée au tibia et proche du talon, et non du dos du pied (sa face supérieure) »
« Muhammad ibn Ruchd dit : ce que dit Mālik - qu'Allah lui fasse miséricorde - dans cette narration est ce qui ai a été dit de plus correct en ce qui concerne (le sens) du ka'b, et la preuve de sa validité est le hadith de an-Nu‘mān ibn Bachīr, il dit : « Le Messager d'Allah - صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ - vint à nous en face puis dit : « Établissez vos rangs. Il dit : Puis j'ai vu l'homme coller sa cheville à celle de son compagnon » ».
.« مسألة وسئل عن الكعب الذي يجب إليه الوضوء، فقال : هو الكعب الملتزق بالساق والمحاذي العقب، وليس بالظاهر في ظهر القدم
قال محمد بن رشد: ما قال مالك، - رَحِمَهُ اللَّهُ -، في هذه الرواية أصح ما قيل في الكعب، والدليل على صحته حديث النعمان بن بشير قال : أقبل علينا رسول الله - صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ - بوجهه فقال : أقيموا صفوفكم، قال فلقد رأيت الرجل يلزق كعبه بكعب صاحب
De même, Ibn Baṭṭāl dans son commentaire d'al Bukhārī a bien expliqué ces deux récits. Il y dit :
« Ces hadiths expliquent sa parole - عليه السلام - « Serrez-vous dans le rang », et ceci est la manière de se serrer. (Dans ce hadith) se trouve aussi : le fait que le ka‘b est l'os saillant au bout du tibia et à l'arrière du pied, comme le disent les gens de Médine ; Car si le ka‘b était à l'avant du pied comme le disent les gens de Koufa, il n'aurait pas été possible que l'un d'eux colle sa cheville à celle de son compagnon, et ceci démontre que les deux chevilles qu'Allah choisit comme limite au lavage des pieds sont les deux évoquées dans le hadith de an-Nu'mān ibn Bachīr ».
« Ces hadiths expliquent sa parole - عليه السلام - « Serrez-vous dans le rang », et ceci est la manière de se serrer. (Dans ce hadith) se trouve aussi : le fait que le ka‘b est l'os saillant au bout du tibia et à l'arrière du pied, comme le disent les gens de Médine ; Car si le ka‘b était à l'avant du pied comme le disent les gens de Koufa, il n'aurait pas été possible que l'un d'eux colle sa cheville à celle de son compagnon, et ceci démontre que les deux chevilles qu'Allah choisit comme limite au lavage des pieds sont les deux évoquées dans le hadith de an-Nu'mān ibn Bachīr ».
« هذه الأحاديث تفسر قوله عليه السلام : (تراصُّوا فى الصف) ، وهذه هيئة التراص، وفيه : أن الكعب هو العظم الناتئ فى أثر الساق ومؤخر القدم،كما قال أهل المدينة؛ لأنه لو كان الكعب فى مقدم القدم كما قال أهل الكوفة لما تمكن أن يلزق أحدهم كعبه بكعب صاحبه، وهذا يدل على أن الكعبيناللذين جعلهما الله غاية فى غسل القدمين هما المذكوران فى حديث النعمان بن بشير. »
al-Qarafī dit dans adh-Dhakhīrah :
« وَكُرِهَ تَفْرِيقُ الصُّفُوفِ وَكَذَلِكَ فِي الْبُخَارِيِّ قَالَ أَنَسٌ كَانَ أَحَدُنَا يُلْصِقُ مَنْكِبَهُ بِمَنْكِبِ صَاحِبِهِ وَقَدَمَهُ بِقَدَمِهِ »
« Et il est détestable de couper les rangs et de même dans al-Bukhārī, 'Anas dit : l'un de nous collait son épaule à celle de son compagnon et son pied à son pied »
Les formulations de Ibn Baṭṭāl et al-Qarāfī sont très intéressantes, car ils ne font des récits indiquant sur l'accolement des pieds qu'une preuve de l'obligation plus générale de se serrer dans les rangs et de ne pas les couper. Ainsi la sunna n'est pas de coller les pieds, mais de se serrer et remplir les rangs. L'évocation de l'accolement et des pieds ne sont dès lors qu'une caractéristique indiquant que les Compagnons se serraient entre eux au sein des rangs.
À partir de là, l'on comprend aisément que celui qui écarte les jambes pour coller ses pieds exagérément aux autres, tout en éloignant les épaules comme s'il faisait le grand écart n'a rien à voir avec l'application d'une sunna. L'essentiel n'est pas de coller ses pieds, mais seulement d'être suffisamment proche les uns les autres pour que le rang ne soit pas coupé.
IX) Détestabilité de former un rang entre deux piliers ; et autorisation de cela s’il n’y a plus de place
.« قَالَ : وَقَالَ مَالِكٌ : لَا بَأْسَ بِالصُّفُوفِ بَيْنَ الْأَسَاطِينِ إذَا ضَاقَ الْمَسْجِدُ »
Mālik dans la Mudawwanah dit : « Nul problème à ce que soient les rangs entre les piliers si la mosquée n’a pas de place »
Preuve : Il se base sur l’acte des Compagnons à l'époque du Prophète ﷺ, puisque ’Anas ibn Mālik, après qu’il ait prié entre deux piliers, dit :
« - قَدْ كُنَّا نَتَّقِي هَذَا عَلَى عَهْدِ رَسُولِ اللَّهِ - صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ »
« Nous évitions cela à l’époque du Messager d’Allah - صلى الله عليه وسلم - »
Il est également rapporté que Ibn Mas‘ūd détestait le fait de prier entre les piliers.
Ibn Yunus dit à cela : « - يريد - إذا كان المسجد متسعًا »
« Il veut dire si la place est suffisante »
Raisons : Khalīl évoque trois opinions dans le ta‘līl [justification] de la détestabilité :
۩ Soit parce que cela équivaut à couper le rang, ce qui est détestable, et c’est la raison la plus retenue chez les savants.
۩ Soit parce que l’on pouvait trouver des impuretés dans ces endroits où l'on posait ses chaussures.
۩ Soit parce que certains disent qu'il s'agit d'un lieu de chayāṭīn.
.قال خليل في التوضيح : واختلف في تعليل الكراهة، فقيل: لتقطيع الصفوف. وقيل: لأنه محل للنجاسة غالباً والأقذار. وقيل: لأنه محل الشياطين X) Autorisation de passer devant les rangs des ma’mūmīn
Il n’y a aucune divergence dans le fait que la sutrah n’incombe qu’à l’imam et au munfarid. Quant au ma’mūm, cela ne lui incombe pas.
Raison : Les Malikites ont alors divergé quant à la raison de cela :
۩ Car sa sutra est celle de l’imam qu’il suit
Dans ce cas, il est autorisé de passer devant le ma’mūm car c’est la sutra de l’imam qui compte.
C’est cet avis qui est le madhhab, et Mālik dit justement dans la Mudawwanah :
« ولا بأس بالمرور بين الصفوف عرضاً، والإمام سترة لهم »
« Nul problème à passer entre les rangs en largeur, et l’imam est leur sutrah ».
‘Abd al-Wahhāb et Ibn al-Jallāb ont expliqué que sa phrase « l'imam est leur sutrah » signifie : « la sutra de l'imam est leur sutra », car le muḍāf [l'annexé] - qui se trouve être « la sutra de » dans la phrase - est grammaticalement sous-entendu.
۩ Car l’imam en lui-même est une sutra pour lui
Si on comprend la narration au sens littéral, il n’est pas autorisé de passer devant un rang, mais cet avis n'est pas retenu.
Le munfarid ou le fadhdh se dit de la personne qui prie seule sans suivre d'imam.
Le ma’mūm est la personne qui suit l'imam dans la prière. Il prie derrière lui.
La sutrah se dit de l'objet que le prieur va poser devant lui afin d'empêcher les passants de traverser l'endroit où il effectue la prière.
Le ma’mūm est la personne qui suit l'imam dans la prière. Il prie derrière lui.
La sutrah se dit de l'objet que le prieur va poser devant lui afin d'empêcher les passants de traverser l'endroit où il effectue la prière.
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